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" (...) Arpenteur du temps présent, l’artiste fait de l’espace public, observatoire privilégié du monde, son atelier de création plastique depuis plus de dix ans. À l’origine du travail artistique de Laurent Lacotte, il y a la déambulation. Laurent Lacotte se déplace et produit des images à partir des lieux qu’il parcourt. Ainsi, par dérives successives, apparaît l’image. Conditionnée par la marche qui permet de se confronter à des situations inattendues, elle témoigne d’une certaine réalité du monde, celle que perçoit l’artiste, affirmée désormais à travers l’usage du mot. (...)
L'art de Laurent Lacotte est un art en résistance. Chaque création est conditionnée par une dimension physique et politique. La première s’exprime dans le labeur, qu’il marche, balaye, couse, réponde au téléphone ou encore défonce, la fatigue physique semble la condition requise pour évoquer le monde. Éprouver son corps pour envisager l’autre. Lorsqu’il performe, Laurent Lacotte se met à la place des gens, opère à chaque fois un transfert, ne triche pas. Depuis toujours, il utilise des matériaux fragiles, précaires, périssables, dans l’élaboration des ses pièces, si bien que celles-ci sont souvent éphémères. L’artiste est dans l’immédiateté du présent que la photographie lui permet de fixer. Si ses interventions perdurent, c’est parce que les images convoquent, non sans humour mais sans se dérober, la part sombre de l’humanité, les tumultes du monde. De ces dérives humaines, l’artiste dresse un catalogue des gestes de l’anthropocène, subjectivisé, poétisé, politisé."

Extrait du texte de Guillaume Lasserre accompagnant le dossier de presse de l'exposition personnelle "Dérives" à l'Urban Gallery, Marseille, mai-juin 2021.

laurentlacotte-anti-chef_d_oeuvre.pdf

"Laurent Lacotte arpente son environnement proche et les territoires où il est invité et c’est au gré de ces déplacements que les pistes surgissent. L’errance comme socle : un paradoxe à l’image de cette pratique prolixe, douce et abrasive, où l’œuvre vient se nicher dans les creux du visible.
(…) Les œuvres de Laurent Lacotte sont autant de gestes feutrés : des déplacements, des prélèvements, des agencements fragiles toujours sur le point d’être engloutis par le fracas du monde. Ce sont comme des petites bulles d’air, des failles qui ouvrent l’espace d’une incursion de pensée, d’une bouffée d’émotion.

(…) Au-delà de la part suggestive des images, c’est sa pratique, sa façon de faire de l’art qui est politique. Laurent Lacotte revendique une démarche qui doit prendre place au cœur de la cité, de la vie sociale. L’artiste est un être perméable qui se doit d'être réactif, constitué par des compétences avant tout humaines : l’attention, la curiosité, la précaution, sont les bases d’une vision sociale horizontale dans laquelle il s’inscrit avec responsabilité et humilité.

(…) Le travail de Laurent Lacotte s’inscrit dans une temporalité croisée où l’éphémère répond à la pérennité. Sa liberté répond à une volonté radicale d’horizontalité artistique et sociale. L’œuvre est partout, dans des formes changeantes et affranchies au maximum des contraintes dogmatiques. La nécessité qui fait loi est celle d’une pratique qui est toujours prétexte à échanger, à générer du mouvement, de l’espace pour penser et créer du lien. Face à la figure du chef d’œuvre s’érige le pêle-mêle, la multiplicité fugace de formes modestes vouées à disparaître pour redevenir poussière."

Extrait de l'article de Noémie Monier "ANTI CHEF-D'ŒUVRE" pour la revue Le Chassis n°4, printemps-été 2018.

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" (...) Davantage que dans la dénonciation des peurs, des cruautés et des lâchetés qui façonnent le moche aujourd’hui, Laurent Lacotte se situe dans l’action. Les photographies de ces Présences ne renvoient pas à des mises en scène : les situations produites par l’artiste sont autant de sculptures éphémères qui s’inscrivent dans le réel. Si l’image se manifeste, elle charrie avec elle, dans cet espace sanctuarisé consacré à l’art, ce que le monde du dehors, voire des dehors, comporte d’obscène et de fané. (...)
Sous le papier glacé, les interventions de LaurentLacotte impriment par-delà la photographie, renvoyant de ce fait le médium au-delà du cliché. En même temps qu’une métaphore passionnée et critique du processus photographique (révéler/fixer), peut-être peut-on voir dans cette présence de parias au sein de lieux d’art -où ils brillent souvent par leur absence sinon symbolique, du moins physique- la mise en oeuvre d’une transformation du monde. L’artiste assume tout à la fois la modestie de son étendue politique et l’infini de sa licence poétique - l’invention, par l’image, de plus beaux demains.

Donner à voir s’avère dès lors aussi nécessaire qu’insuffisant : si, pour Démocrite, "la parole est l’ombre de l’acte", sans doute Laurent Lacotte cherche-t-il à approcher la part d’ombre d’actes politiques quotidiens, qui, avec cette ombre, gagnent en gravité jusqu’à peser dans le réel."

Extrait du texte de Jean-Christophe Arcos accompagnant le dossier de presse de l'exposition personnelle "Présences" à la galerie Les Filles du Calvaire, Paris, mars-avril 2018.

Laurent Lacotte
Laurent Lacotte art
Laurent Lacotte artiste